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Passion spectacle vivant
Une vision girafesque
Quand je découvre un beau spectacle, je suis inspirée, j'ai envie de l'écrire, de le décrire et de le partager. Je n'écris que quand je suis très enthousiaste. Bonne lecture. Sophie Raive
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12 février 2014

Dans la forêt noire, j'ai rencontré Mac Beth

macbeth

Macbeth de Shakespeare

Une création du Théâtre de l’Unité

Mise en forêt d’Hervée de Lafond et Jacques Livchine

 

Représentation vue au bois de Dasle ( Doubs 25), sentier nature du bois des 4 cantons.
Passage d’anglais shakespearien en langue française : Jacques Livchine (utilisation de 5 traductions)
11 artistes (une équipe de foot)
Dans le cadre de Green Days, festival Nature organisé par Ma Scène Nationale, pays de Montbéliard

Avant-première le 29 Mai 2013    22h   durée environ 2 heures

 

De savoir que je vais aller dans la forêt, en pleine nuit à peu de degrés pour voir une pièce de théâtre, j’en suis déjà toute excitée.

Et tant pis pour mon rhume persistant, je porte 4 épaisseurs de pulls, un manteau doublé polaire, un bonnet, une capuche, un collant sous mon jean et des bottes de caoutchouc avec deux paires de bonnes chaussettes (oui, c’est vrai j’ai aussi pri une bouillotte ! je suis frileuse).

Bref, nous sommes environ 80 à attendre sur ce parking à l’orée du bois.

Dernières lueurs du jour, on ne reconnait plus les visages, on devient une foule anonyme, on se sert les coudes… notre guide accompagnatrice (Hervée de Lafond) arrive et s’excuse que la météo ne soit pas très raccord, pas très écossaise, en effet, il ne pleut pas ! Elle nous conseille de bien la suivre car la forêt est bien vivante… on entend la chouette, il parait qu’elle adore Shakespeare.

En silence et dans l’obscurité (lampes de poche interdites), on marche environ dix minutes, on se réchauffe ! Première étape, prendre un « tabouret-bouclier ». Choisir son tabouret en fonction de sa taille, cela ferra un public en gradin naturellement !

On rejoint encore dans le noir la première scène, eh oui, moi qui pensais faire le camp à cette place j’ai été bien surprise. Le public bougera 5 fois (pour voir 5 actes) ! Toujours dans le noir et toujours en silence. Des anges gardiens éclairent les ornières, les trous, les flaques….

Suivre les champignons lumineux, s’asseoir devant la rangée de bougies électriques, ne pas dépasser la ligne ! On commence à intégrer le processus.

Notre guide accompagnatrice introduit chaque tableau, éclaire au besoin les comédiens à la lampe torche (pour un gros plan !), organise les spectateurs dont le tabouret  s’enfonce quelque fois dans la terre…

Pour le premier tableau, je me régale : les sorcières qui arrivent de loin en chantant tracent un cercle de feu entre les arbres centenaires, un charmant petit arbre de 2 mètres est en premier plan, c’est parfait !

Ces sorcières reviendront plus tard avec une brouette enflammée, l’apparition des spectres qu’elles font naitre est mémorable.

Le feu sera présent tout du long de la pièce, c’est tout simplement magique.

Le premier feu est en cercle, les autres souvent en foyers multiples (sur pieds ou a même le sol), d’autres en boules enflammées, il y a aussi des torches, des bougies…

Coté électricité, maglight, feu de voitures, auto-éclairage du visage des comédien, quelques projo, du son (musique voix) seulement pendant la scène finale.

C’est physique, pour nous, pour eux. On est solidaires.

 On devine aux sons des voix les répétitions dans le froid… les comédiens courent, éructent, se casse la gueule quelquefois dans les branches mortes… mieux que de jouer, ils écrivent la représentation.

C’est tribal et brut, c’est juste sublime par instants, on vit la pièce.

Théâtre épique c’est sur !

Les images qui me restent en mémoire : le cercle de feu, les comédiens autour, l’apparition des  spectres, surtout celui qui vient du sol, le château gigantesque, la voiture infernale, la haie de spectateurs voyant le massacre de la famille de MacDuff, la bataille finale, les boules enflammées qui volent…

Et les surprises « off », une armée de lumière nous traversant, un corps agonisant sur le bord du chemin, le corps de Lady Macbeth pendu à une branche…

Et puis on rit, on rit grâce à notre guide-accompagnatrice qui nous met les choses en distance, on rit de surprise aussi, je me dis souvent « c’est gonflé là, non ! oui ! »

Je râle dans les ornières, mais au fond, je suis à la fête !

Comment continuer à décrire ? Je sais pas… cela se vit. Comme les charriots de feu de Liestal (Carnaval en Suisse).

A la fin, le public partage le scotch avec l’équipe, beaucoup de chapeaux bas à cette troupe qui répète depuis juillet 2011, depuis 2 ans, environ une fois par mois, la nuit, même l’hiver sous la neige, par moins 10…

Où suis-je ? A force de tourner dans ce bois, j’ai perdu la boussole, je ne sais plus de quel coté est le parking… en sortant du bois, on nous distribue la plaquette… surprise, j’avais oublié que je venais d’assister à une représentation théâtrale.

Je recopie ici quelques infos :

Macbeth a été écrite en 1603, jouée en 1606, publiée en 1623. La pièce a été retrouvée dans les décombres d’un théâtre, c’est l’auteur Middleton qui aurait reconstitué de mémoire les pages manquantes. Jusqu’en 1830, Shakespeare est dans l’oubli, ces sont les auteurs romantiques du 19e siècle qui l’on redécouvert.

Edito de Jacques Livchine (metteur en songe) : « Il y a quelque chose d’impitoyable dans la création théâtrale. Plus on étudie une œuvre, plus on en connait les moindres recoins, plus on l’incarne, moins on est capable de comprendre l’impact qu’elle peut avoir sur du public. Nous sommes ce soir dans une ignorance totale. Allons-nous partager quelque chose avec vous ? nous sommes comme on dit au théâtre dans le « schwarz » total aussi bizarre que cela puisse paraitre »

L’impact pour moi de la pièce : déjà, j’ai compris quelque chose, c’est comme quand j’ai vu Hamlet dans la mise en scène de Peter Brook (traduction de JC Carrière) aux Bouffes du Nord, j’étais contente d’avoir enfin saisi un bout du mystère shakespearien.

MacBeth une pièce sur l’impuissance, le théâtre de l’Unité partage le résultat de leur recherche. Recherche faite au cœur du corps, pas dans une bibliothèque.

J’espère que ce projet fou se jouera souvent et que beaucoup pourront vivre une nuit pareille.

PS : le lendemain, mon rhume régresse, je l’affirme maintenant, le théâtre de l’Unité à booster mon système immunitaire ;)

 

Prochaines dates en 2014:

5 avril : Seyssinet-Pariset : (38)

1, 2, 3 mai : Gradignan (33) 

6 et 7 mai : Oloron-Sainte-Marie (64)

15 au 17 mai : en Bretagne (Option) 

23 au 27 juillet : Chalon dans la rue (Option)

26 au 31 août : pour les Rias. le fourneau (Option) 

12 et 13 septembre : dans l’Essonne (Chamarande et Saulx les chartreux) 

25 au 27 septembre : Belfort

2 au 4 octobre : Briançon

17 octobre :  Martre Tolosane

18 octobre : Aspet

 

Avec Panxo Jimenez (Macbeth), Catherine Fornal (Lady Macbeth, sorciere 1), Xavier Chavari (Banquo), Éric Prévost (Macduff), Max Bouvard (Malcolm fils du roi), Jacques Livchine (le roi d’Écosse Duncan), Youssri el Yaakoubi (Lennox), Julie Cazalas (Lady Macduff, sorcière 2), Ludo Estebeteguy (le portier) Hervée De Lafond (Guide accompagnatrice)

création lumière David Mossé, Benjamin Dreyfus, Paul Deschamps

Effets spéciaux : panxo Jimenez

Costumes : Maud Mitenne

Site de la compagnie http://www.theatredelunite.com/

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