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Passion spectacle vivant

Une vision girafesque
Quand je découvre un beau spectacle, je suis inspirée, j'ai envie de l'écrire, de le décrire et de le partager. Je n'écris que quand je suis très enthousiaste. Bonne lecture. Sophie Raive
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26 février 2014

LAST NIGHT la Bouée SAVED MY LIFE

riennese

Rien ne se perd

Une création du collectif La bouée

C’était un soir comme les autres, j’avais envie de me pendre, même mon chat me faisait la gueule.

 « Rien ne se perd » la création du collectif la Bouée m’a été conseillée, je me suis dis : « une bouée pour quelqu’un qui a envie de se jeter dans la Seine, c’est à propos »

Mais Nan... en fait, comme j’avais payé ma place, la pingre qui est en moi m’a trainé chialante au théâtre du Petit Hébertot, Paris 17.

Et j’ai bien eu raison d’insister tant j’ai ri ce soir là.

Pitch annoncé : « Un condensé sur-vitaminé des plus belles, drôles et puissantes répliques de théâtre rassemblées dans une comédie absurde et 100% recyclée. »

Les artistes du collectif « La Bouée » ont travaillé pendant plusieurs mois en relisant des tas d’auteurs morts depuis longtemps (ceux que l’on connait bien, ceux du domaine public). Ils ont fait un assemblage, des copier-coller de grands textes et ont ré-écrit une pièce loufoque qui reprend les figures classiques :  une reine, une princesse, un prince, un traitre et une intrigante.

Recyclage de textes mais aussi d’emballages !

Les costumes sont en grand partie en matières recyclées : cartonnettes, capsules de café, briques de lait, bouteilles de canard wc etc. la liste est longue !

Pas de décor, juste un frigo éventré à deux battants sert tour à tour de porte d’entrée, de fenêtre… ah si j’oubliais le trône qui est donc… un trône ! (cuvette ou bidet, le doute plane)

Accessoires détournés aussi : se regarder dans un miroir ? Trop attendu ! Un couvercle de casserole fera l’affaire !

Il y a une chose qui n’est pas recyclée, c’est la mise en scène, décapante. Le coté foutraque, les esclandres, la bande son style cartoon qui soutient les comédiens. Comédiens qui portent le tout avec une parfaite maitrise du rythme.

D’entrée de jeu ce qui frappe, ce sont les costumes. C’est très visuel, c’est accrocheur, super efficace, mais finalement, une fois passée la découverte, on les oublie et c’est tant mieux ! Ces personnages sont bien vivants, ils dépassent l’anecdote du costume de prince marqué « Prince ».

Quelque fois le costume ajoute au comique et aide le burlesque, mais à d’autres moments, on sent qu’ils sont fragiles, qu’ils peuvent limiter le comédien. Je pense au traitre qui n’a pas une liberté de mouvements énorme et qui accède au paroxysme de son personnage seulement quand il meurt (la disparition dans son costume est génialement drôle).

Le Prince, entre l’homme parfait et le looser complet cachant ses défauts, joue une partition dont on se régale, il est touchant.

Mention spéciale aux rôles féminins qui se libèrent des carcans du glamour souvent imposés à ces rôles. Tour à tour jouant de leurs atours où plongeant dans le ridicule pour notre plus grand plaisir. Et qu’importe si les robes se relèvent ! On les sent libre de faire rire et çà, j’apprécie à sa juste valeur.

En effet, mon œil de féministe est souvent peiné de voir, au sortir de pièces anciennes ou modernes, le rôle féminin (eh oui, il y a souvent une seule comédienne pour 3 ou 4 comédiens) bloqué dans une charte sexiste qu’on appelle quelque fois le glamour.

En tant que comédienne, on peut se sentir obligée de répondre à des règles de séduction bienséantes, sur scène comme à la ville, mais c’est oublier que ce carcan n’est souvent pas drôle, ou alors seulement un peu drôle, genre « t’es plutôt marrante pour une fille ».

Mais ici, pas de demi-mesure, pas de bouche en cul de poule ou de jeux de jambes à bon escient, les filles se jettent dans la fange du comique, comme des hommes ! Le rire n’a pas les limites du Genre (théorie du genre, vous voyez ce que je veux dire ! genre achètes tes legos roses pour les filles et bleus pour les garçons, bref je m’égare !)

Nul doute que « Rien ne se perd » va cartonner ! (et le carton çà se recycle LOL hum)

 

Sophie Raive, 5 février 2014

 

Rien ne se perd

Une pièce de et avec: Cindy Doutres, Blandine Bury, Vincent Londez, Diana Laszlo, Pierre Gascoin et Romain Vissol
Mise en scène : Béatrice de La Boulaye

Costumes : Nousch Ruellan
Création sonore : Pierre Gascoin

21H30
Du mercredi au samedi
Durée : 1H20

Théâtre du Petit Hébertot (~ 110 places)
78bis, boulevard des Batignolles 75017 Paris

Les textes sont tirés des auteurs suivants : Molière, Shakespeare, Hugo, Tchekhov, Corneille, Pirandello, Racine, Tourgueniev, Goethe, Ibsen, Marivaux, Beaumarchais, Goldoni, Flaubert, Gorki, Calderon, Labiche, Kleist, Dumas, Courteline, Strindberg, Rostand, Musset, Wilde, Feydeau, Panizza, Gogol, Viau, La Fontaine, Nemirovsky

 

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12 février 2014

Dans la forêt noire, j'ai rencontré Mac Beth

macbeth

Macbeth de Shakespeare

Une création du Théâtre de l’Unité

Mise en forêt d’Hervée de Lafond et Jacques Livchine

 

Représentation vue au bois de Dasle ( Doubs 25), sentier nature du bois des 4 cantons.
Passage d’anglais shakespearien en langue française : Jacques Livchine (utilisation de 5 traductions)
11 artistes (une équipe de foot)
Dans le cadre de Green Days, festival Nature organisé par Ma Scène Nationale, pays de Montbéliard

Avant-première le 29 Mai 2013    22h   durée environ 2 heures

 

De savoir que je vais aller dans la forêt, en pleine nuit à peu de degrés pour voir une pièce de théâtre, j’en suis déjà toute excitée.

Et tant pis pour mon rhume persistant, je porte 4 épaisseurs de pulls, un manteau doublé polaire, un bonnet, une capuche, un collant sous mon jean et des bottes de caoutchouc avec deux paires de bonnes chaussettes (oui, c’est vrai j’ai aussi pri une bouillotte ! je suis frileuse).

Bref, nous sommes environ 80 à attendre sur ce parking à l’orée du bois.

Dernières lueurs du jour, on ne reconnait plus les visages, on devient une foule anonyme, on se sert les coudes… notre guide accompagnatrice (Hervée de Lafond) arrive et s’excuse que la météo ne soit pas très raccord, pas très écossaise, en effet, il ne pleut pas ! Elle nous conseille de bien la suivre car la forêt est bien vivante… on entend la chouette, il parait qu’elle adore Shakespeare.

En silence et dans l’obscurité (lampes de poche interdites), on marche environ dix minutes, on se réchauffe ! Première étape, prendre un « tabouret-bouclier ». Choisir son tabouret en fonction de sa taille, cela ferra un public en gradin naturellement !

On rejoint encore dans le noir la première scène, eh oui, moi qui pensais faire le camp à cette place j’ai été bien surprise. Le public bougera 5 fois (pour voir 5 actes) ! Toujours dans le noir et toujours en silence. Des anges gardiens éclairent les ornières, les trous, les flaques….

Suivre les champignons lumineux, s’asseoir devant la rangée de bougies électriques, ne pas dépasser la ligne ! On commence à intégrer le processus.

Notre guide accompagnatrice introduit chaque tableau, éclaire au besoin les comédiens à la lampe torche (pour un gros plan !), organise les spectateurs dont le tabouret  s’enfonce quelque fois dans la terre…

Pour le premier tableau, je me régale : les sorcières qui arrivent de loin en chantant tracent un cercle de feu entre les arbres centenaires, un charmant petit arbre de 2 mètres est en premier plan, c’est parfait !

Ces sorcières reviendront plus tard avec une brouette enflammée, l’apparition des spectres qu’elles font naitre est mémorable.

Le feu sera présent tout du long de la pièce, c’est tout simplement magique.

Le premier feu est en cercle, les autres souvent en foyers multiples (sur pieds ou a même le sol), d’autres en boules enflammées, il y a aussi des torches, des bougies…

Coté électricité, maglight, feu de voitures, auto-éclairage du visage des comédien, quelques projo, du son (musique voix) seulement pendant la scène finale.

C’est physique, pour nous, pour eux. On est solidaires.

 On devine aux sons des voix les répétitions dans le froid… les comédiens courent, éructent, se casse la gueule quelquefois dans les branches mortes… mieux que de jouer, ils écrivent la représentation.

C’est tribal et brut, c’est juste sublime par instants, on vit la pièce.

Théâtre épique c’est sur !

Les images qui me restent en mémoire : le cercle de feu, les comédiens autour, l’apparition des  spectres, surtout celui qui vient du sol, le château gigantesque, la voiture infernale, la haie de spectateurs voyant le massacre de la famille de MacDuff, la bataille finale, les boules enflammées qui volent…

Et les surprises « off », une armée de lumière nous traversant, un corps agonisant sur le bord du chemin, le corps de Lady Macbeth pendu à une branche…

Et puis on rit, on rit grâce à notre guide-accompagnatrice qui nous met les choses en distance, on rit de surprise aussi, je me dis souvent « c’est gonflé là, non ! oui ! »

Je râle dans les ornières, mais au fond, je suis à la fête !

Comment continuer à décrire ? Je sais pas… cela se vit. Comme les charriots de feu de Liestal (Carnaval en Suisse).

A la fin, le public partage le scotch avec l’équipe, beaucoup de chapeaux bas à cette troupe qui répète depuis juillet 2011, depuis 2 ans, environ une fois par mois, la nuit, même l’hiver sous la neige, par moins 10…

Où suis-je ? A force de tourner dans ce bois, j’ai perdu la boussole, je ne sais plus de quel coté est le parking… en sortant du bois, on nous distribue la plaquette… surprise, j’avais oublié que je venais d’assister à une représentation théâtrale.

Je recopie ici quelques infos :

Macbeth a été écrite en 1603, jouée en 1606, publiée en 1623. La pièce a été retrouvée dans les décombres d’un théâtre, c’est l’auteur Middleton qui aurait reconstitué de mémoire les pages manquantes. Jusqu’en 1830, Shakespeare est dans l’oubli, ces sont les auteurs romantiques du 19e siècle qui l’on redécouvert.

Edito de Jacques Livchine (metteur en songe) : « Il y a quelque chose d’impitoyable dans la création théâtrale. Plus on étudie une œuvre, plus on en connait les moindres recoins, plus on l’incarne, moins on est capable de comprendre l’impact qu’elle peut avoir sur du public. Nous sommes ce soir dans une ignorance totale. Allons-nous partager quelque chose avec vous ? nous sommes comme on dit au théâtre dans le « schwarz » total aussi bizarre que cela puisse paraitre »

L’impact pour moi de la pièce : déjà, j’ai compris quelque chose, c’est comme quand j’ai vu Hamlet dans la mise en scène de Peter Brook (traduction de JC Carrière) aux Bouffes du Nord, j’étais contente d’avoir enfin saisi un bout du mystère shakespearien.

MacBeth une pièce sur l’impuissance, le théâtre de l’Unité partage le résultat de leur recherche. Recherche faite au cœur du corps, pas dans une bibliothèque.

J’espère que ce projet fou se jouera souvent et que beaucoup pourront vivre une nuit pareille.

PS : le lendemain, mon rhume régresse, je l’affirme maintenant, le théâtre de l’Unité à booster mon système immunitaire ;)

 

Prochaines dates en 2014:

5 avril : Seyssinet-Pariset : (38)

1, 2, 3 mai : Gradignan (33) 

6 et 7 mai : Oloron-Sainte-Marie (64)

15 au 17 mai : en Bretagne (Option) 

23 au 27 juillet : Chalon dans la rue (Option)

26 au 31 août : pour les Rias. le fourneau (Option) 

12 et 13 septembre : dans l’Essonne (Chamarande et Saulx les chartreux) 

25 au 27 septembre : Belfort

2 au 4 octobre : Briançon

17 octobre :  Martre Tolosane

18 octobre : Aspet

 

Avec Panxo Jimenez (Macbeth), Catherine Fornal (Lady Macbeth, sorciere 1), Xavier Chavari (Banquo), Éric Prévost (Macduff), Max Bouvard (Malcolm fils du roi), Jacques Livchine (le roi d’Écosse Duncan), Youssri el Yaakoubi (Lennox), Julie Cazalas (Lady Macduff, sorcière 2), Ludo Estebeteguy (le portier) Hervée De Lafond (Guide accompagnatrice)

création lumière David Mossé, Benjamin Dreyfus, Paul Deschamps

Effets spéciaux : panxo Jimenez

Costumes : Maud Mitenne

Site de la compagnie http://www.theatredelunite.com/

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