LAST NIGHT la Bouée SAVED MY LIFE
Rien ne se perd
Une création du collectif La bouée
C’était un soir comme les autres, j’avais envie de me pendre, même mon chat me faisait la gueule.
« Rien ne se perd » la création du collectif la Bouée m’a été conseillée, je me suis dis : « une bouée pour quelqu’un qui a envie de se jeter dans la Seine, c’est à propos »
Mais Nan... en fait, comme j’avais payé ma place, la pingre qui est en moi m’a trainé chialante au théâtre du Petit Hébertot, Paris 17.
Et j’ai bien eu raison d’insister tant j’ai ri ce soir là.
Pitch annoncé : « Un condensé sur-vitaminé des plus belles, drôles et puissantes répliques de théâtre rassemblées dans une comédie absurde et 100% recyclée. »
Les artistes du collectif « La Bouée » ont travaillé pendant plusieurs mois en relisant des tas d’auteurs morts depuis longtemps (ceux que l’on connait bien, ceux du domaine public). Ils ont fait un assemblage, des copier-coller de grands textes et ont ré-écrit une pièce loufoque qui reprend les figures classiques : une reine, une princesse, un prince, un traitre et une intrigante.
Recyclage de textes mais aussi d’emballages !
Les costumes sont en grand partie en matières recyclées : cartonnettes, capsules de café, briques de lait, bouteilles de canard wc etc. la liste est longue !
Pas de décor, juste un frigo éventré à deux battants sert tour à tour de porte d’entrée, de fenêtre… ah si j’oubliais le trône qui est donc… un trône ! (cuvette ou bidet, le doute plane)
Accessoires détournés aussi : se regarder dans un miroir ? Trop attendu ! Un couvercle de casserole fera l’affaire !
Il y a une chose qui n’est pas recyclée, c’est la mise en scène, décapante. Le coté foutraque, les esclandres, la bande son style cartoon qui soutient les comédiens. Comédiens qui portent le tout avec une parfaite maitrise du rythme.
D’entrée de jeu ce qui frappe, ce sont les costumes. C’est très visuel, c’est accrocheur, super efficace, mais finalement, une fois passée la découverte, on les oublie et c’est tant mieux ! Ces personnages sont bien vivants, ils dépassent l’anecdote du costume de prince marqué « Prince ».
Quelque fois le costume ajoute au comique et aide le burlesque, mais à d’autres moments, on sent qu’ils sont fragiles, qu’ils peuvent limiter le comédien. Je pense au traitre qui n’a pas une liberté de mouvements énorme et qui accède au paroxysme de son personnage seulement quand il meurt (la disparition dans son costume est génialement drôle).
Le Prince, entre l’homme parfait et le looser complet cachant ses défauts, joue une partition dont on se régale, il est touchant.
Mention spéciale aux rôles féminins qui se libèrent des carcans du glamour souvent imposés à ces rôles. Tour à tour jouant de leurs atours où plongeant dans le ridicule pour notre plus grand plaisir. Et qu’importe si les robes se relèvent ! On les sent libre de faire rire et çà, j’apprécie à sa juste valeur.
En effet, mon œil de féministe est souvent peiné de voir, au sortir de pièces anciennes ou modernes, le rôle féminin (eh oui, il y a souvent une seule comédienne pour 3 ou 4 comédiens) bloqué dans une charte sexiste qu’on appelle quelque fois le glamour.
En tant que comédienne, on peut se sentir obligée de répondre à des règles de séduction bienséantes, sur scène comme à la ville, mais c’est oublier que ce carcan n’est souvent pas drôle, ou alors seulement un peu drôle, genre « t’es plutôt marrante pour une fille ».
Mais ici, pas de demi-mesure, pas de bouche en cul de poule ou de jeux de jambes à bon escient, les filles se jettent dans la fange du comique, comme des hommes ! Le rire n’a pas les limites du Genre (théorie du genre, vous voyez ce que je veux dire ! genre achètes tes legos roses pour les filles et bleus pour les garçons, bref je m’égare !)
Nul doute que « Rien ne se perd » va cartonner ! (et le carton çà se recycle LOL hum)
Sophie Raive, 5 février 2014
Rien ne se perd
Une pièce de et avec: Cindy Doutres, Blandine Bury, Vincent Londez, Diana Laszlo, Pierre Gascoin et Romain Vissol
Mise en scène : Béatrice de La Boulaye
Costumes : Nousch Ruellan
Création sonore : Pierre Gascoin
21H30
Du mercredi au samedi
Durée : 1H20
Théâtre du Petit Hébertot (~ 110 places)
78bis, boulevard des Batignolles 75017 Paris
Les textes sont tirés des auteurs suivants : Molière, Shakespeare, Hugo, Tchekhov, Corneille, Pirandello, Racine, Tourgueniev, Goethe, Ibsen, Marivaux, Beaumarchais, Goldoni, Flaubert, Gorki, Calderon, Labiche, Kleist, Dumas, Courteline, Strindberg, Rostand, Musset, Wilde, Feydeau, Panizza, Gogol, Viau, La Fontaine, Nemirovsky